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Je n’ai rien contre cette décision de la BCE.
Pour tout vous dire je pense que les règles c’est comme les traités, c’est fait pour être changé quand cela ne convient plus. C’est ce que l’on appelle le pragmatisme.
Pour autant, ce qu’il faut bien mesurer c’est que nous sommes confrontés à une crise économique sans précédent, et peu vous le diront, mais elle va s’inscrire dans la durée, de même que la crise sanitaire dont elle est la conséquence directe. Je vous en parlerai dans mon Flash Stratégies consacré à ce sujet qui est en cours de rédaction.
Cette crise et c’est parfaitement compréhensible va entraîner des faillites nombreuses et c’est déjà le cas.
Logiquement, les banques vont perdre de l’argent.
Tout aussi logiquement dans un tel contexte elle ne vont pas pouvoir respecter les mêmes ratios de solvabilité puisqu’elles vont essuyer des pertes significatives. Donc en essuyant des pertes elles vont perdre de l’argent, si vous maintenez les mêmes ratios alors aucune banque ne pourra plus atteindre, et donc dans l’absolu vous devriez fermer toutes vos banques.
Je suppose que vous avez déjà deviné et compris la suite.
Vu que fermer toutes les banques en même temps mettrait un joyeux bazar pour rester pudique et poli dans le monde entier, le mieux c’est encore d’être pragmatique et de changer plutôt les règles de solvabilité et les ratios des banques.
C’est moins compliqué.
Voici le communiqué officiel de la BCE (source ici)
« Le Conseil des gouverneurs de la BCE déclare que des circonstances exceptionnelles justifient un allègement du ratio de levier
Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a décidé qu’il partage l’avis de la supervision bancaire de la BCE selon lequel il existe des «circonstances exceptionnelles» permettant l’exclusion temporaire de certaines expositions de la banque centrale du ratio de levier.
Le Conseil des gouverneurs a déclaré dans un avis que: «La situation provoquée par la pandémie de coronavirus (COVID-19) a affecté toutes les économies de la zone euro d’une manière sans précédent et profonde. Cette situation a conduit à un besoin permanent d’un degré élevé d’adaptation de la politique monétaire, qui à son tour nécessite le fonctionnement non découragé du canal de transmission bancaire de la politique monétaire. De l’avis du Conseil des gouverneurs, par conséquent, la condition de circonstances exceptionnelles justifiant l’exclusion temporaire de certaines expositions sur les banques centrales du calcul des mesures d’exposition totale des banques est remplie pour la zone euro dans son ensemble.
Cet avis du Conseil des gouverneurs est une condition préalable à la surveillance bancaire de la BCE pour permettre aux banques importantes qu’elle supervise directement d’exclure certaines expositions des banques centrales du ratio de levier . Ces actifs comprennent les pièces et les billets de banque ainsi que les dépôts détenus à la banque centrale ».
Si vous n’avez rien compris à ce charabia c’est normal, c’est volontaire, il ne faut surtout pas que vous compreniez.
Mais je vous traduis l’esprit et l’idée.
Les banques doivent respecter des ratios. Des ratios de solvabilité, de fonds propres, de réserves obligatoires ou encore de levier. L’effet de levier c’est ce que vous pouvez faire basiquement quand vous avez un euro en caisse et que vous pouvez en prêter 10 sous forme de crédit, alors vous avez un effet de levier de 10.
Quand vous augmentez l’effet de levier, vous augmentez in fine, le risque de solvabilité de votre banque car vous lui permettez de prendre plus de risque.
Les règles prudentielles sont de la foutaises !
Je vous disais que je n’avais rien contre cette mesure.
Elle est même plutôt évidente, et ce n’est que la première d’une longue série d’assouplissement des règles bancaires si la crise est aussi forte que ce l’on peut imaginer.
Le problème ici, ou l’essentiel, ce n’est pas cette mesure, c’est ce qu’elle veut dire.
Elle montre que les ratios, les règles prudentielles, les règlements et autres consignes, ne sont valables que par petit temps.
Les militaires ont l’habitude de dire que la première victime d’une guerre c’est le plan établi par les généraux et autres mamamouchis d’Etats-Major.
En économie c’est la même chose.
Dans la vraie vie, les règles prudentielles bancaires sont les premières victimes des crises graves.
Ne croyez jamais les règles financières. Elles sont juste une fiction imaginaire partagée. Rien de plus. De simples conventions.
La conséquence ultime de cela c’est que votre argent n’est pas aussi en sécurité dans les banques que ce que l’on voudrait bien croire.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
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