Mais comment s’y retrouver parmi les signaux contradictoires sur l’état de l’économie

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La crise générée par la pandémie Covid-19 est sans précédent dans le monde contemporain ce qui explique une part de l’incertitude sur notre horizon économique. Mais savons-nous vraiment regarder les bons indicateurs ?

Atlantico.fr : Face à la crise économique générée par la pandémie de Covid-19, savons-nous regarder les bons indicateurs ?

Philippe Crevel : La crise économique actuelle est sans précédent car elle a été générée volontairement et a pris la forme d’un arrêt sur image, d’une mise à la cape. Quand la production s’arrête, le Produit Intérieur Brut baisse. C’est logique. Certains ont cru qu’après le confinement, il y aurait compensation. Mais quand un individu, a coupé ses cheveux, il ne retourne pas le lendemain chez le coiffeur. D’autres ont pensé qu’il y aurait une panne durable de la croissance. Cela n’est pas le cas. Le retour à la normale s’effectue malgré une forte dose d’incertitudes. Les Français conservent leur épargne de précaution astronomique constituée durant le confinement pour faire face à des aléas liés aux revenus, à l’emploi ou à la santé.

Le taux de croissance ne doit pas être regardé sur un mois même sur trois mois. Il faut prendre un peu de hauteur. Par ailleurs, certains ont pu considérer que le ralentissement de l’activité a été bénéfique à la nature ; d’autres qu’il a permis aux uns et autres de relativiser leur situation, voire d’imaginer d’autres projets. Tout cela n’est pas mesurable. En outre, ce ralentissement contraint a été amorti par une injonction de liquidités, de prêts qui en ont atténué les effets.

Les signaux sur l’état de l’économie sont contradictoires et il y a eu moins de défaillance d’entreprise à la même époque l’année dernière. Est-ce que cette incertitude économique telle qu’on la voit est vrai ou est-elle seulement liée à certains indicateurs moyens ?

Après le point bas atteint en avril, l’économie française a redémarré et a retrouvé un niveau proche de celui d’avant crise. C’est le cas en particulier de la consommation des ménages. La consommation des services demeure en retraite en raison de la faible présence de touristes étrangers et du faible redémarrage des activités culturelles. En juillet et août, l’économie tourne à 95 % de son niveau d’avant crise. Le chômage partiel et les prêts garantis aux entreprises jouent le rôle d’amortisseur pour les secteurs les plus fragiles, le tourisme et le transport. Il en résulte pour le moment un faible nombre de défaillances d’entreprises. C’est une bonne nouvelle à court terme mais qui pourrait se retourner contre l’économie française. Les Prêts Garantis par l’Etat permettent la survie d’entreprises non rentables, ce qui pèse sur la croissance potentielle du pays. Les entreprises dites « zomblies » représenteraient 12 % du tissu économique du pays. Aux Etats-Unis, les autorités privilégient le renouvellement des entreprises pour asseoir la croissance de demain et donc les créations d’emploi.

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