Comment se dessine la nouvelle France du logement ?

Que n’a-t-on entendu dès le premier confinement ! Plus encore lors du deuxième. Les ménages français allaient massivement déserter les villes, où la plupart avaient été assignés à résidence pendant pendant plusieurs semaines et qu’ils ne supportaient plus. On a imaginé que la plaisanterie d’Alphonse Allais se réaliserait et que les campagnes se repeupleraient à la vitesse de l’éclair, « les villes à la campagne » en quelque sorte. L’empêchement pour une fraction majeure de la population de se rendre au travail et d’aller prendre son poste dans l’entreprise ou le service public dont on est le salarié en a rajouté : le télétravail, qui ne concernait avant la pandémie que 8% des Français a bondi à des niveaux jamais connu et on lui prête désormais un grand avenir. Dans ces conditions, le sentiment a prévalu que les ménages pourraient à l’avenir habiter où ils le voudraient, sans considération ou presque de la localisation de leur travail.

Que se passe-t-il vraiment ? Au-delà de l’enthousiasme qui a saisi les esprits, y compris de chercheurs, de sociologues, d’économistes, de gens sérieux en somme, l’organisation de notre pays va-t-elle changer dans les prochains mois et les prochaines années ? Oui, inconstestablement, sans doute selon des mouvements lents, et d’ailleurs d’autant plus profonds et irréversibles. Les notaires viennent de confirmer que les Parisiens pour ne parler que d’eux quittaient la capitale en nombre chaque année et que la crise sanitaire avait catalysé le mouvement. En clair, la tendance existait déjà, mais elle se confirme sérieusement. Les autres grandes villes sont pour certaines affectées par le même syndrôme, mais pas toutes : Toulouse y échappe, avec un solde migratoire positif aussi important que l’hémorragie parisienne, de l’ordre de 10.000 personnes par an en plus, Lyon également. Le coût du logement rapporté au pouvoir d’achat, la disponibilité d’appartements familiaux, la qualité de vie sont devenus des critères essentiels et de ce crible plusieurs métropoles ne sortent pas victorieuses.

Ce regard moins amènes sur les grandes villes donne raison à la métropole conçue comme cet espace multipolaire radial, dont la ville centre est certes le cœur névralgique mais ne truste ni l’attractivité ni les habitants. Le Grand Paris, le Grand Lyon, le Grand Bordeaux ou la Grand Nantes sont ou plutôt seront ces espaces où les populations ont le choix, au sein d’un territoire cohérent.

Dans le même temps, les villes moyennes séduisent et c’est vers elles que les migrants se tournent. On aurait tort de les mettre toutes dans le même sac, comme le Plan Action Cœur de ville peut nous tenter de le faire : on a le sentiment que l’État est en train de doter toutes les villes moyennes aussi généreusement, incitant les investisseurs privés à s’y engager comme un seul homme. Dans les faits, le sujet est plus complexe. Parler des villes moyennes comme d’un ensemble homogène, également attractif, n’est pas conforme à la réalité. Si certaines ont su ces dernières années gagner en attractivité économique, culturelle, touristique, sportive, d’autres n’y sont pas parvenues. Il reste que toutes déploient des beaux efforts pour parvenir à ce résultat. Orléans, Le Mans, Reims, Bayonne, Pau, Moulins, Saint-Étienne sont en progrès sur tous les tableaux depuis longtemps et tirent les fruits de leur stratégie. Les quelque 250 villes du programme d’État, qui mobilise 5 milliards sur 5 ans, ne sauraient être toutes considérées comme ayant déjà réussi sur la voie du développement, et comme rien n’est ni tout noir ni tout blanc, certaines villes ont fait une partie du chemin seulement, d’autres sont tout près du but. Albi est un exemple d’une ville moyenne qui s’est ranimée, mais dans le chantier reste considérable : avoir obtenu le classement de la cathédrale au Patrimoine mondial de l’humanité n’est pas rien, certes… Faire venir les entreprises et les enseignes commerciales est au mois aussi important et sur ce plan le bilan est moins éclatant.

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