L’argent métal n’a jamais été aussi sous-évalué

Il y a plus de 4 000 ans, la ville de Kanesh était un important pôle commercial au sein de l’ancien Empire assyrien.

Kanesh se trouvait en plein milieu de la Turquie moderne, donc parfaitement situé sur la route entre la Méditerranée et la mer Noire, et entre l’Europe et l’Asie Mineure.

C’est pourquoi Kanesh est rapidement devenue une plaque tournante des échanges commerciaux. Des marchands, des scribes et des usuriers de tout l’Assyrie s’y rendaient pour profiter de l’essor du cuivre, de l’étain et des textiles.

Nous détenons aujourd’hui un nombre extraordinaire de registres détaillants les transactions réalisées à cette période de l’histoire.

Les Assyriens ont emprunté le système d’écriture de l’ancienne Mésopotamie et reportaient régulièrement leurs transactions commerciales sur des tablettes « cunéiformes » en argile.

Des dizaines de milliers de tablettes ont été découvertes par les archéologues, ce qui nous donne une quantité incroyable d’informations sur les opérations financières de l’époque.

Par exemple, une tablette exposée au Metropolitan Museum of Art de New York détaille les conditions d’un prêt consenti à Kanesh au XIXe siècle avant J.-C.

D’après cette tablette, un marchand assyrien nommé Ashur-idi a prêté 3 kg d’argent à deux négociants, dont un tiers du montant devait être remboursé en un an.

C’était assez courant à l’époque : durant l’Antiquité, l’or et l’argent étaient tous deux utilisés comme moyen d’échange. Mais c’était avant que les pièces n’existent, donc les transactions étaient réglées en fonction du poids.

Dans l’Empire babylonien (qui a pris le pouvoir après la chute de l’Empire assyrien), le prix de l’orge était en moyenne de 17 grammes d’argent pour 100 litres.

Les marchands utilisaient des balances élaborées pour peser l’or et l’argent lors des échanges de marchandises.

L’or et l’argent étaient également échangeables l’un contre l’autre. Une autre tablette cunéiformes datant de l’ancienne Babylonie, à l’époque de Nabuchodonosor, indique que 5 shekels d’argent valaient ½ shekel d’or.

(Durant l’Antiquité, un shekel était une unité de poids, équivalant à environ 8,33 grammes).

Cela représente un ratio de 10:1 entre l’argent et l’or.

Le ratio or/argent existe depuis des milliers d’années, et jusqu’au 20ème siècle, il est resté dans cette fourchette de 10 à 20 unités d’argent pour une unité d’or.

Aujourd’hui, l’or et l’argent ne sont plus utilisés comme moyen d’échange. Mais le ratio perdure depuis des décennies.

Une once d’or est généralement évaluée entre 50 et 80 onces d’argent. Il est rare que le ratio soit supérieur (ou inférieur). Et lorsque ce fut le cas, les prix ont toujours corrigés.

Depuis ce matin, le ratio est à 112, ce qui signifie qu’il faut maintenant 112 onces d’argent pour acheter une once d’or ; le ratio actuel est donc tout proche de son plus haut historique à 120, atteint le mois dernier.

J’insiste sur « plus haut historique ». Les anciennes tablettes cunéiformes démontrent que l’argent n’a jamais été aussi bon marché par rapport à l’or depuis des milliers d’années.

Si l’on se fie à l’histoire, le ratio devrait finir par se réduire, c’est-à-dire que le prix de l’argent devrait augmenter et/ou le prix de l’or baisser, ramenant le ratio dans sa fourchette normale.

Il existe de nombreuses façons de potentiellement en profiter.

Le Chicago Mercantile Exchange (CME), par exemple, propose un contrat à terme pour que les traders puissent spéculer sur le ratio or/argent. Mais ce contrat est très peu échangé et donc difficile à acheter. Ce n’est sûrement pas la meilleure approche.

En théorie, une façon de parier sur le retour du ratio or/argent à son niveau historique serait de détenir une position vendeuse sur l’or et de prendre une position acheteuse sur l’argent, c’est-à-dire de spéculer sur la baisse du prix de l’or et sur la hausse du prix de l’argent.

Mais il n’y a aucune chance que je parie contre l’or en ce moment.

J’aborde cette période de pandémie dans une position d’ignorance et d’incertitude. Tous les scénarios sont envisageables, et personne ne peut dire avec certitude ce qui va se passer ensuite.

Une seule chose me paraît claire aujourd’hui : les gouvernements occidentaux imprimeront autant d’argent qu’il le faudra pour renflouer tout le monde.

Selon le Bureau du budget du Congrès américain, le gouvernement fédéral affichera un déficit de 3 600 milliards $ à la fin de l’exercice en cours, à cause notamment des renflouements. De plus, la Réserve fédérale a déjà imprimé 2 000 milliards $.

À mon avis, cela ne fait que commencer.

Dans ce tsunami incompréhensible de dette publique et de monnaie papier qui inonde le système, les actifs réels sont historiquement un excellent pari.

Nous en avons déjà parlé : les actifs réels – comme les terres agricoles, les entreprises bien gérées et les métaux précieux – ne peuvent pas être fabriqués par les politiciens et les banques centrales.

Ils ont tous tendance à très bien se comporter lorsque les banques centrales impriment des tonnes d’argent.

Les terres agricoles, par exemple, ont été l’un des actifs les plus performants pendant la stagflation des années 1970.

Les données financières des dernières décennies montrent qu’à chaque fois qu’elles impriment beaucoup d’argent, le prix de l’or a tendance à monter.

À l’heure actuelle, le prix de l’or est relativement bon marché par rapport à la masse monétaire.

Le prix de l’argent est ridiculement bas, comparé à celui de l’or. Encore une fois, l’argent n’a jamais été aussi peu cher en 5 000 ans.

C’est pourquoi je préfère l’argent physique. Je ne souhaite pas parier contre l’or, car je m’attends à ce que la planche à billets continue de tourner. Au contraire, je suis heureux de pouvoir accumuler encore plus d’or.

Même si nous ne pouvons être sûrs de rien, il y a de fortes chances que le prix de l’argent monte en flèche.

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