Monde d’avant, monde d’après

Deux concepts qui s’opposent. Le premier repose sur le fait que la pandémie covid19 n’est au final qu’une parenthèse, le second sur la conviction qu’elle a révélé l’incapacité du modèle de société actuelle à la réponse au besoin de 8 milliards d’humains.

La difficulté pour les partisans, comme moi, de la seconde voie est de proposer une proche globale dans une un monde globalisé. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé, dans mon dernier livre, les bases d’une approche systémique dont on peut tracer ici les grandes lignes.

La pandémie est un drame, la vraie crise est financière.

La crise sanitaire s’estompe et chacun recycle son dispositif pour sortir de la crise économique. Les États, en appui sur les banques et les grands fonds, proposent une solution financière par la dette, pour amortir le choc. Mais l’endettement généré, très supérieur à celui post 2008, aura des conséquences lourdes, durables. Cela se traduira par un étouffement des classes moyennes et pauvres. Ce n’est pas de la fiction : c’est mécanique. Les acteurs financiers, responsables de l’explosion de l’endettement, vont pourtant apparaître comme des sauveurs pour sortir de la pandémie.
Nous sommes focalisés sur ce drame sanitaire, au point d’en oublier que nous recréons un dispositif, reposant sur les mêmes acteurs : il générera les mêmes conséquences, en pire.

La pandémie nous a révélé des dysfonctionnements majeurs dans nos modèles

Une course contre la montre a démarré.
D’un côté, nous n’avons pas d’autre choix que de relancer la machine, avec les outils dont on dispose : qui dans un accident de voiture refuserait l’aide de celui qui a provoqué l’accident, si cela devait lui sauver la vie ?
Si, à court terme, l’endettement allège la pression, allons-nous oublier pour autant que la pandémie nous a révélé la totale inadéquation de notre système économique, productif, entrepreneurial ? Il repose sur un brassage permanent et de plus en plus rapide des biens et des personnes dans le monde. L’exemple des masques de protection est un des éléments les plus révélateurs de l’inadaptation de nos modèles de production.

Repenser tout à partir de la base, n’est pas une régression

Il est urgent de construire des modèles, partant du terrain, de la vie réelle, obéissant d’abord à des nécessités locales et prenant le temps de la matérialité.
Ce n’est pas une régression : c’est juste la vie. La véritable régression est-ce à quoi nous avons assisté durant les décennies passées : le retour à une hiérarchie économique quasi féodale, l’explosion de l’écart entre les riches et les pauvres. 50 % de la richesse mondiale tenue en 2018 par moins d’une centaine d’individus ce n’est du jamais vu !
La pandémie nous a démontré que tous les critères financiers qui nous sont imposés comme indicateurs de bonne gestion, sont en grande partie la cause de ce que nous sommes en train de vivre.

Pour donner du sens il faut changer les règles, comme elles ont été changées il y a 50 ans.

Les règles étant mondiales, pour changer, il faut commencer par en adopter de nouvelles. Nous avons laissé pendant 50 ans les décisions sortir du cadre territorial pour aller se nicher dans la mondialisation. Nous nous sommes tous enivrés de ce que cela générait : des déplacements, de la vitesse, de la richesse, de l’opportunité, un monde ouvert, libre.
Tous… ? Enfin tous ceux qui en avaient les moyens, car nous avons été collectivement sourds aux différentes alertes venant de populations moins fortunées. Nos prédécesseurs avaient sorti les pays occidentaux de la guerre, en changeant les règles, générant trente années de croissance. Dans les années soixante-dix, nous avons changé les règles pour faire mieux que les 30 glorieuses. On a généré ainsi depuis 1971 une dette démultipliée, 35 crises économiques et financières. Est-ce un mieux ?

Nouveaux critères pour repenser une économie durable pour la planète

Nos critères actuels sont tous orientés dans un sens qui va à l’opposé de ce dont nous avons besoin : l’accélération, la spéculation, l’internationalisation, le mépris de la planète.
Aussi il est important de construire la gouvernance à venir, en appui sur une organisation mondiale redéfinie, à partir de quatre principes simples :
– La vitesse est souvent plus néfaste que positive. L’accélération est toujours inégalitaire
– La monnaie est un indicateur d’échange et non un objet de spéculation
– La richesse est issue de l’activité et prend sa source dans les territoires. Ce n’est pas une retombée en pluie fine d’une spéculation.
– L’équilibre ressource-fossile et respect de la planète doit être permanent
Il nous faudra apurer simultanément notre dette. Nous vivons à crédit, si nous ne réglons pas le problème nous n’aurons plus qu’une question : est-ce la génération de nos enfants ou celle de nos petits enfants qui devra commencer à les payer pour nous ?

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