Or, franc suisse… quels placements face à l’inflation ?

Face au retour de l’inflation, certains placements tels que l’immobilier, la Bourse et les cryptomonnaies risquent de décevoir, avertit Marc Touati, président du cabinet ACDEFI. A contrario, l’or, le franc suisse et les obligations indexées sur l’inflation (OII) sont des pistes à suivre, selon lui.

Comme nous l’expliquions la semaine dernière dans cette même rubrique et n’en déplaise aux tenants de la pensée unique qui n’ont cessé d’annoncer depuis des années que l’inflation était définitivement morte et enterrée, c’est désormais un fait avéré : l’inflation flambe. Et si le risque d’une hyperinflation à plus de 8 % reste faible, une augmentation annuelle des prix durablement stabilisée entre 2,5 % et 4,5 % apparaît inévitable au moins jusqu’à la mi-2022 dans la plupart des pays développés.

Face à cette résurgence inflationniste qui commence d’ailleurs à déprimer l’ensemble des marchés financiers, plusieurs questions essentielles se posent et notamment : Comment protéger son épargne ? Et vers quels types de placements faut-il orienter cette dernière pour ne pas trop souffrir du retour de l’inflation ? Car, ne l’oublions pas : plus l’inflation augmente, plus le pouvoir d’achat de son épargne baisse. Face à cette douloureuse et incontrôlable dépréciation, certains n’ont pas hésité à conseiller d’investir massivement vers le bitcoin et les cryptomonnaies. Le krach que celles-ci viennent de subir rappelle qu’il ne faut jamais trop s’éloigner du bon sens.

Et pour cause : comment peut-on avoir confiance en des produits qui ne sont contrôlés par aucune autorité de supervision et peuvent s’effondrer en quelques jours à la suite d’une malheureuse déclaration d’un patron d’entreprise, quand bien même ce dernier serait-il Elon Musk ? De même, comment peut-on faire des prévisions sur ces produits qui ne disposent d’aucun soubassement économique et qui fluctuent uniquement en fonction de l’offre et de la demande ? Autrement dit, il n’est pas possible pour un économiste ou un gérant raisonnable de conseiller d’acheter du bitcoin et des cryptomonnaies, sauf pour ceux qui aiment les sueurs froides et n’ont pas peur de perdre leurs économies.

Faut-il alors investir sur les marchés boursiers ? En effet, tant que l’inflation n’explose pas durablement au-delà des 4,5 %, elle constitue souvent un bon moyen pour les entreprises d’améliorer leurs marges. Or, qui dit profits augmentés dit bourses bien orientées ! Ce raisonnement pèche néanmoins par trois voies principales. Primo, les marchés boursiers n’ayant absolument pas souffert de la récession de 2020 (principalement grâce au soutien extravagant des banques centrales), leurs cours actuels intègrent déjà la reprise de 2021-2022. Dès lors, s’ils continuent de s’apprécier, ils repartiront dans une bulle massive qui ne tardera pas à se dégonfler.

D’autant que, secundo, l’augmentation de l’inflation va freiner la reprise, risquant par là même de décevoir les espoirs sur les profits de 2021 et 2022. Tertio, comme cela s’observe déjà depuis quelques semaines, la reflation provoquera une tendance durable de tension des taux d’intérêt des obligations d’Etat, ce qui ne manquera pas de déprimer encore un peu plus l’activité économique et les marchés boursiers. Bref, la prudence devra rester de mise et il faudra favoriser les stratégies d’aller-retour sur les marchés boursiers.

Parallèlement, compte tenu de l’augmentation des taux obligataires, il est primordial de délaisser les dettes publiques, notamment des pays développés, en particulier de la France et des pays du Sud de l’Europe. Idem pour les titres de dette privée, sauf à bénéficier d’une grosse prime de risque et uniquement pour des entreprises viables sur le moyen terme.

Face à ces dangers, il pourrait alors être tentant de se focaliser sur l’immobilier. En effet, la pierre constitue une valeur refuge sur longue période, d’autant que lorsque les prix à la consommation augmentent ceux de l’immobilier font généralement de même. Le seul problème est que l’immobilier français est aujourd’hui trop cher comparativement aux revenus des ménages. Et si jusqu’à présent cette bulle a pu être contournée grâce à la faiblesse des taux d’intérêt des crédits, il est clair que l’augmentation passée et à venir de ces derniers va siffler la fin de la récré et remettre les pendules à l’heure. Une baisse des prix immobiliers est donc plus que probable dans la plupart des grandes villes de l’Hexagone.

Faut-il alors acheter des matières premières ? Un peu, mais pas trop. D’une part, parce que les cours de ces dernières ont fortement augmenté depuis un an. D’autre part, parce qu’après la reprise de rattrapage de 2021, la croissance mondiale va mécaniquement ralentir, notamment à cause de l’augmentation de l’inflation et des taux d’intérêt obligataires, ce qui freinera, voire inversera la flambée des cours des matières premières d’ici la fin 2022.

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