Reset : vers une réinitialisation mondiale

1) Quels sont les grandes idées de votre nouveau livre et pourquoi ce titre de Reset ?

L’idée est simple, nous avons un monde qui est devenu extravagant, excessif avec beaucoup de bulles financières un peu partout, des dérapages économiques et écologiques. Cette pandémie vient comme un Reset, c’est-à-dire qu’elle vient faire redémarrer le monde, comme lorsque l’on doit reset un appareil défectueux. Le problème, c’est qu’il existe deux styles de reset. Le reset qui fonctionne, c’est-à-dire que l’on repart de zéro mais que l’on upgrade, que l’on améliore la situation. Et il y a le reset très dangereux, celui qui ne fonctionne pas, justement celui où l’on n’a pas tiré les oeuvres du passé et que l’on réédite les mêmes erreurs.

Dans ce cas-là, cela serait très dangereux et il y a un risque d’une sorte de fuite en avant sur la dette publique et sur la planche à billets. On a l’impression que cette dette est « gratuite », alors qu’il faudra la rembourser même si cela prendra du temps. Le vrai enjeu de la dette, c’est ce que l’on appelle la soutenabilité de la dette, cela veut dire que s’endetter ce n’est pas grave mais qu’il faut que cette dette soit suffisamment forte pour qu’elle génère une croissance qui remboursera les intérêts. Le problème que l’on a, c’est que cela ne fonctionne pas et que l’on a, ce que l’on appelle aujourd’hui de la mauvaise dette, un peu comme le cholestérol, il y a la bonne dette et la mauvaise dette.

La mauvaise dette, c’est celle qui existe aujourd’hui, on distribue des milliards comme ça sans savoir où cela va, pour colmater les brèches et c’est dangereux, car c’est de l’argent qui ne sera pas totalement perdu mais qui ne sera pas entièrement récupéré. La bonne dette, c’est celle qui fait de l’investissement et de l’innovation, c’est ça le vrai enjeu de l’après-crise. Est-ce que l’on va rester sur une fuite en avant avec une dette publique énorme, une croissance molle et une activité qui globalement n’est pas suffisamment forte en terme d’emploi ou alors est-ce que l’on va profiter de cette crise pour sortir par le haut avec des innovations technologique et de l’investissement. Et c’est là le grand débat de cet après-pandémie.

2) On parle beaucoup de décroissance depuis le début de la crise, pouvez-vous

Le grand débat que l’on a aujourd’hui dans ce reset, c’est que certains souhaiteraient justement que l’on ait une phase de décroissance générée par cette pandémie, c’est-à-dire qu’on baisse le niveau de vie… Ce n’est pas du tout ce que j’appelle de mes voeux puisque l’on a vu pendant le confinement qu’il y a eu de la décroissance, c’est-à-dire une baisse de l’activité. Si vous avez une baisse d’activité, vous avez une hausse du chômage, des risques sociaux et même des émeutes donc c’est très dangereux, que cela soit dans les pays riches ou pas.

Globalement, cette décroissance ne fonctionne pas, pourtant, on a vraiment un souci de réchauffement et d’écologie, donc le seul moyen de faire de la croissance durable dans un monde fini, c’est en optimisant l’existant au travers du progrès et de l’innovation technologique. Si on dit « c ette pandémie nous dit qu’il faut faire de la décroissance, il faut arrêter de consommer » alors là, c’est extrêmement dangereux et ce n’est pas de l’écologie. Alors que si l’on dit : « l’écologie ce n’est pas ça, la vraie écologie c’est justement celle qui concerne l’innovation », c’est-à-dire que l’on va mieux utiliser la planète, on va moins la détruire donc on va trouver de nouvelle trilogie de l’énergie, de nouvelle trilogie de l’agroalimentaire, alors là oui ça fonctionne et en plus, cela fait de la croissance, cela fait de l’emploi. C’est donc ce reset que j’appelle de mes voeux, c’est-à-dire un reset avec un upgrade, avec une amélioration de notre quotidien. Parce que si la vie de demain, c’est se balader avec des masques, arrêter de consommer, arrêter de voyager arrêter d’investir etc… c’est très triste la vie que l’on nous propose et à la rigueur les pays peuvent le supporter et encore mais les pays émergents ne le pourront pas.

C’est vraiment le grand débat de l’après-crise parce qu’on a cette volonté de faire de la décroissance, de la démondialisation et pour moi, c’est très dangereux. Il ne faut pas oublier que la mondialisation même si elle a des travers et des risques, a permis aux pays émergents d’augmenter leur niveau de vie, leur niveau de PIB par habitant et si on casse ça et que l’on fait de la décroissance au niveau mondial, évidemment ces pays-là vont retomber dans la pauvreté donc c’est dangereux. Sachant qu’il ne faut pas faire de la décroissance débridée. Il faut repenser la mondialisation et la croissance mais dans un sens positif. Avec le reset on garde l’appareil de base, on ne détruit pas tout, c’est justement cela qui m’inquiète, il faut sauver notre monde mais le détruire non.

3) Ce reset signe-t-il la fin du capitalisme hérité de la WWII ?

Il ne faut pas oublier que depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est le capitalisme qui nous a permis de nous en sortir, de faire la reconstruction avec le plan Marshall. A contrario il y a le communisme qui s’est complètement écroulé, donc c’est clair qu’il n’y a pas photo le communisme ne fonctionne pas, on le sait déjà, ce n’est pas une alternative. Cela ne veut pas dire que le capitalisme est le paradis bien entendu que non mais il faut l’améliorer. Et c’est vrai que depuis les années 2000, il y a une évolution.

Reset c’est un peu la suite de mon livre Un monde de bulles. Dans ce dernier, j’explique que ce qui a été très dangereux ces dernières années, c’est que nous avons créé de nouvelles bulles pour se sortir des crises. Des nouvelles bulles boursières, obligataires, de la dette publique, de cryptomonnaie. Ma crainte, c’est que l’on regonfle ces bulles qui se sont un peu dégonflées, ce qui est très dangereux. Il faut donc éviter de tomber dans ce piège.

Pour moi la bulle la plus dangereuse ce n’est pas la bulle boursière, parce que derrière il y a des entreprises donc ça va, ça vient, c’est les montagnes russes. Ce qui est très dangereux c’est la bulle de la dette publique. Malgré la flambée de la dette publique les taux d’intérêt sont extrêmement bas et ça cela crée ce que l’on appelle un aléa moral, c’est-à-dire que les Etats ne sont pas incités à être sérieux. Pour les Européens, la BCE rachète la dette publique, alors pourquoi ne pas continuer comme cela. Il n’y a aucune volonté de soutenabilité de cette dette et tous les discours de certains économistes déresponsabilisants qui disent : « mais non la dette on s’en fiche, tout est pris en charge, la BCE va annuler la dette. » ça c’est totalement faux ! La BCE n’a pas le droit d’annuler la dette, c’est un déni de réalité incroyable ! Il faut surtout rester très prudent, car cette dette on la laisse à nos enfants et aux générations à venir. Et le vrai danger c’est que si vous annulez votre dette, vous êtes un fusil à un coup, une fois que vous l’avez fait, vous n’êtes plus crédible donc pour la nouvelle dette les taux d’intérêt vont flamber et ça peut même devenir la fin de la zone euros, car il est clair que l’Allemagne ou les Pays-Bas par exemple, ne laisseront pas faire. Donc cela peut créer un cataclysme dramatique.

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