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Qui mieux que Paul Jorion peut parler des dérives de la finance? Cet ancien trader sur le marché des « futures », ces contrats à terme utilisés pour des opérations de spéculation, intervenait mercredi 25 septembre au LH Forum sur le thème : « Finance, comment redonner du sens ? ». Et pour lui la réponse est aussi simple que radicale : « il faut supprimer la spéculation ».
« Sur les marchés financiers, il y a 80% de spéculation. Donc la finance serait utile pour l’économie si on la réduisait de 80% », explique Paul Jorion. Il ne resterait alors que l’économie « utile », celle qui met en relation les prêteurs et les emprunteurs. Aujourd’hui chercheur à l’université de Bruxelles, l’ex-trader critique notamment la formation des prix spéculatifs qui ne représentent rien dans le monde réel.
En 1885, la spéculation était interdite en France
Pour ce chantre de « l’économie positive », c’est-à-dire une économie qui remet en cause nos façons de produire et de consommer pour aller vers un monde plus socialement et écologiquement responsable, l’activité de spéculation est inutile. Elle est même néfaste. Une théorie qu’il a développé dans plusieurs livres, comme Le capitalisme à l’agonie en 2011 et La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire en 2008 mais aussi sur son blog.
« La spéculation n’est pas un argument nécessaire au capitalisme. D’ailleurs le capitalisme était florissant avant l’autorisation de la spéculation ». En effet, Paul Jorion rappelle que faire des paris à la hausse ou à la baisse sur les titres financiers était interdit jusqu’en 1885 par l’article 421 du Code pénal. Ce sont les milieux d’affaires de l’époque, exerçant une pression importante pendant une dizaine d’années, qui poussèrent l’Etat à introduire une clause indiquant que la règle ne s’applique pas si un pari est redéfini comme une opération financière. Ainsi, est née la spéculation financière en France.
Vers un effondrement du système ?
Mais le système bancaire peut-il revenir en arrière? Non, si l’on en croit Paul Jorion. Selon lui, ni les banques ni le pouvoir politique n’ont la volonté de changer le fonctionnement des marchés financiers. « Quand les politiques disent qu’ils vont prendre des mesures, il ne sont absolument pas sérieux ». Des tentatives de réguler la finance ont bien été prises en 2008 par le G20 après l’éclatement au grand jour de la crise des subprimes, mais force est de constater que peu de choses ont effectivement évolué.
« Si on laisse pourrir la situation, il faudra aller vers un effondrement du système, comparable à la fin de l’Empire romain », prédit-il. Avant d’en arriver là, Paul Jorion estime que les citoyens peuvent forcer les dirigeants de la planète à revenir sur l’abrogation de la spéculation, en allant voter, mais aussi en signant des pétitions. Mais est-ce que ce sera suffisant ?
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