L’or protège de l’inflation : mythe ou réalité ?

« L’or protège de l’inflation ». Voilà typiquement le genre de sujet vis-à-vis duquel il semble y avoir unanimité. Et pourtant, lorsque l’on analyse la question en détails, on ne peut qu’y apporter une réponse de Normand : en fait, ça dépend !

Cela dépend du lieux (donc de la devise dans laquelle on exprime le cours de l’or) mais également de l’époque. Autrement dit, il n’y a pas de vérité universelle et intemporelle à ce sujet.

Historiquement, l’or protège-t-il de l’inflation en France ?

Je limiterai ici mon propos aux conclusions pratiques que l’on peut tirer à l’échelle d’une vie. Je laisserai donc de côté les questions du type : « Si mon ancêtre soldat romain et ses successeurs m’avaient transmis des solidus d’or, est-ce que je serai gagnant en 2022 ? »

Je vous propose tout d’abord d’envisager la performance de l’or vis-à-vis de l’inflation en France depuis que son cours a été fixé librement par les forces du marché au début des années 1970, afin d’avoir une vision représentative de l’époque dans laquelle nous vivons.

Grâce aux données regroupées par Thi Hong Van Hoang dans sa thèse de doctorat publiée en 2010 (Le marché parisien de l’or de 1949 à 2009 : Histoire et finance), je sais qu’en septembre 1971, l’once d’or cotait 235 FRF, soit 35,82 €. Cinquante ans plus tard, en septembre 2021, l’once d’or cotait aux alentours de 1500 €. Autrement dit, si vous aviez acheté ou reçu des pièces ou lingots en 1971, alors 50 ans plus tard, vous auriez enregistré 4 087% de performance.

Dans le même temps, l’inflation cumulée en France s’est montée à près de 730%.

Faut-il en conclure que l’or protège l’épargnant français de l’inflation ?

Ce serait-là une réaction bien hâtive.

En effet, comme je l’ai expliqué dans cette vidéo, tous les calculs de performance sont dépendants du point d’entrée et du point de sortie. Or notre exemple est biaisé en faveur de l’or puisque le point de départ de notre analyse n’est autre que la racine du marché haussier des années 1970.

En effet, j’aurais alternativement pu vous présenter ce graphique de l’IEIF qui montre que sur la période 2010-2015, on a bien eu une inflation positive (0,9% en moyenne par an) mais un cours de l’or qui a performé négativement (-3,2% en moyenne par an).

D’où la question suivante…

Est-ce bien de l’inflation que l’or protège ?

Pas exactement.

Dans mon livre, j’ai résumé l’analyse de Hoang dans les termes que voici : « l’or n’a été rentable sur le marché français que durant les périodes d’instabilité et de crise (1973-1982 et depuis 2005). Ces résultats amènent Hoang à conclure qu’il n’y a aucune relation significative, à court terme ou à long terme, entre le prix de l’or physique et l’indice des prix à la consommation en France sur la période 1950 à 2009. À l’inverse de l’or coté à Londres ou à New York […], l’or coté à Paris ne permet pas aux investisseurs français de se protéger contre l’inflation. D’une part, le pouvoir d’achat des placements en or en France est négatif […] la plupart du temps […]. D’autre part, il n’y a aucune relation systématique, à court terme et à long terme, entre le prix de l’or coté à Paris et l’indice des prix à la consommation en France.

En France, le métal jaune ne constitue donc une couverture efficace que durant les périodes de crises ou d’instabilité. Durant les autres périodes, l’or ne joue pas un rôle protecteur contre l’inflation définie comme l’augmentation des prix à la consommation. Ces résultats amènent Hoang à conclure que l’or est plus un placement refuge qu’un placement boursier comme les actions ou les obligations. »

En somme, le cours de l’or concentre sa performance durant certaines périodes pour décroitre le reste du temps. Or comme nous avons derrière nous la hausse spectaculaire accumulée depuis 2005, cela nous donne l’impression que le métal protège de l’inflation sur le très long terme.

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