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Pourquoi l’or ? C’est une question que l’on me pose souvent. Elle est généralement suivie d’un commentaire du genre : « Je ne comprends pas. Ce n’est qu’un rocher brillant. On l’extrait du sol pour ensuite le remettre sous terre. À quoi ça sert ? »
Je commence généralement par répondre : « Ce n’est pas un rocher, c’est un métal ».
J’aime beaucoup ces discussions. Si les gens ne connaissent rien à l’or, ce n’est pas de leur faute. L’establishment politique et économique, les universitaires et les banquiers centraux en ont fait un sujet tabou.
L’or est enseigné dans les écoles des mines, mais pas dans les écoles d’économie. Dans le contexte monétaire actuel, si quelqu’un fait l’éloge de l’or, il est immédiatement catalogué comme « Noix d’or », « Scarabée d’or », « Néandertalien » voire pire. Il n’est pas écouté et la conversation est écourtée.
Il n’en a pas toujours été ainsi. J’étais étudiant en économie internationale en 1973-1974. De nombreux observateurs pensent que l’étalon-or a « pris fin » le 15 août 1971, lorsque le président Nixon a suspendu la convertibilité des dollars détenus par les principaux partenaires commerciaux en or. Ce n’est pas exactement ce qui s’est passé.
La décision de Nixon a été un événement important. Cependant, il voulait que la suspension soit « temporaire », comme il l’a dit dans son annonce. L’idée était de mettre en « pause » le rachat des dollars avec de l’or, d’organiser une nouvelle conférence monétaire internationale similaire à celle de Bretton Woods en 1944, de dévaluer le dollar par rapport à l’or (et à d’autres devises comme le deutschemark allemand et le yen japonais), puis de revenir à l’étalon-or aux nouveaux taux de change.
Ce plan m’a été confirmé par deux conseillers de Nixon qui étaient avec lui à Camp David en 1971, quand il a fait son annonce. J’ai parlé à Kenneth Dam (un avocat du pouvoir exécutif) et à Paul Volcker (à l’époque, secrétaire adjoint au Trésor). Selon eux, la suspension de la convertibilité du dollar en or était censée être temporaire, et l’objectif était de retourner à l’or avec de nouveaux prix.
Nixon a réalisé une partie de son plan, pas l’autre. La conférence internationale a eu lieu à Washington, en décembre 1971, et a abouti à l’accord du Smithsonian Institute. Cet accord a entériné la dévaluation du dollar de 7,89%, ce qui fit passer l’once d’or de 35 $ à 38 $ (avant une nouvelle dévaluation à 42,22 $ l’once en mars 1972), et la réévaluation des devises de l’Allemagne, du Japon, du Royaume-Uni, de la France et de l’Italie par rapport au billet vert.
Pourtant, le retour à un véritable étalon-or n’a jamais eu lieu. Ce fut une période chaotique dans l’histoire de la politique monétaire internationale. L’Allemagne et le Japon ont adopté des taux de change flottants, sous les conseils malavisés de Milton Friedman, qui ne comprenait pas vraiment le rôle des devises dans le commerce international et les investissements étrangers directs. La France s’est rebiffée et a insisté pour le retour à un véritable étalon-or.
De plus, Nixon s’est retrouvé pris dans sa campagne de réélection de 1972, puis dans le scandale du Watergate, si bien qu’il a perdu de vue l’or. Finalement, la dévaluation du dollar est passée, mais la convertibilité officielle de l’or n’a jamais été rétablie.
Les querelles monétaires ont duré quelques années. Ce n’est qu’en 1974 que le FMI a officiellement déclaré que l’or n’était pas un actif monétaire (bien que le FMI ait comptabilisé de l’or dans ses livres dans les années 1970, et qu’il possède toujours 2 814 tonnes d’or, soit la troisième plus grande réserve au monde après les États-Unis et l’Allemagne).
Par conséquent, ma promotion de 1974 a été la dernière à recevoir un enseignement sur l’or en tant qu’actif monétaire. L’or a ensuite été relégué aux livres d’histoire. L’or est resté une « matière première » enseignée dans les écoles minières, mais plus en économie.
Il n’est pas étonnant que la plupart des gens ne comprennent pas l’or aujourd’hui.
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