Depuis 2008, des économistes crient à l’inflation. Nous savons désormais que les QE ne furent pas inflationnistes. En tout cas sur base des chiffres officiels. Les catastrophistes auront-ils encore tort cette fois ? L’avenir nous le dira. Quoi qu’il en soit, l’inflation ne soucie absolument pas la FED et le Trésor, si bien que si elle devait se matérialiser, la situation pourrait rapidement déraper. Du New York Times.
Les présidents se retrouvant en sortie de récession doivent toujours entendre les avertissements des économistes obsédés par l’inflation, qui craignent qu’agir de manière agressive pour stimuler une économie en difficulté risque de déboucher sur les augmentations de prix monstrueuses qui ont frappé les USA dans les années 1970.
Aujourd’hui, le président Biden souhaite concrétiser son plan de relance de 1,9 billion de dollars. Ce faisant, lui et ses principaux conseillers économiques écartent ce risque, tout comme la Réserve fédérale du président Jerome Powell.
Après des années de prévisions d’inflation qui furent à côté de la plaque, les responsables de la politique budgétaire et monétaire à Washington ont décidé que le risque de surchauffe de l’économie était bien inférieur aux risques de ne pas la stimuler suffisamment.
Les démocrates à la Chambre prévoient de passer cette semaine à la finalisation du plan de M. Biden visant à injecter près de 2.000 milliards de dollars dans l’économie, notamment via des chèques directs aux Américains et des allocations de chômage plus généreuses. Un vote est prévu dès la semaine prochaine. Le Sénat devrait adopter rapidement la proposition dès qu’elle aura été autorisée à la Chambre, dans l’espoir d’envoyer un projet de loi final sur le bureau de M. Biden au début du mois prochain. Les responsables de la FED ont indiqué qu’ils prévoyaient de maintenir les taux proches de zéro et d’acheter des titres de créance garantis par le gouvernement à un rythme soutenu pour stimuler la croissance.
La FED et l’administration maintiennent le cap malgré le tollé croissant de certains économistes de tous les horizons politiques, dont Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor et haut conseiller des administrations Clinton et Obama, qui disent que les plans de M. Biden pourraient provoquer un cercle vicieux de hausse des prix .
Personne n’incarne mieux la rupture soudaine de décennies d’inquiétude concernant l’inflation, à Washington et dans les hauts cercles de l’économie, que Janet Yellen, ancienne présidente de la Réserve fédérale et actuelle secrétaire au Trésor. Mme Yellen a passé la majeure partie de sa carrière à se battre dans la guerre contre l’inflation que les économistes mènent depuis plus d’un demi-siècle. Mais alors que l’économie américaine reste à 10 millions d’emplois en deçà de son niveau d’avant la pandémie et que des millions de personnes ont faim et risquent l’expulsion, elle semble prête à passer à autre chose.
« J’ai passé de nombreuses années à étudier l’inflation et à m’inquiéter de l’inflation, a déclaré Mme Yellen à CNN au début du mois. Mais nous sommes confrontés à un défi économique considérable et à d’énormes souffrances dans le pays. Nous devons résoudre ce problème. C’est le plus gros risque. »
Dans le langage prudent d’un président de la FED, M. Powell a prononcé un discours la semaine dernière pour repousser l’idée que l’économie risquait de surchauffer. Il a déclaré que les prix pourraient grimper momentanément dans les mois à venir, car il ne s’agirait que d’un rebond par rapport aux valeurs très basses de l’année dernière. Il a déclaré que l’économie pourrait être le théâtre d’une « explosion » des dépenses et d’une inflation temporairement plus élevée lors de sa réouverture complète. Mais il a dit qu’il s’attendait à ce que ces augmentations soient de courte durée. Il ne s’agirait donc pas de la spirale continue qui inquiète de nombreux économistes.
« Cela ne veut vraiment pas dire grand-chose », a expliqué M. Powell, notant que l’inflation avait tendance à baisser depuis des décennies. « La dynamique de l’inflation évoluera, mais il est difficile d’expliquer pourquoi elle évoluerait très soudainement dans la situation actuelle. »
Un groupe restreint, mais influent, d’économistes remet en question ce point de vue. Il exhorte M. Biden à réduire ses plans d’aide économiques, qui incluent l’envoi de paiements directs à la plupart des ménages américains.