Nos Monnaies sont-elles encore des étalons de valeur ?

Revenons à la définition classique des monnaies qui doivent remplir trois fonctions.

  1. Instrument d’échange, pour éviter le troc.
  2. Etalon de valeur, pour pouvoir établir un système de prix qui guidera les consommateurs et donc les entrepreneurs.
  3. Réserve de valeur, pour pouvoir faire entrer le temps dans le calcul économique.

Depuis un grand moment, je peste contre le fait que les banques centrales dans nos pays ont décidé de ne plus assumer la fonction de « réserve de valeur » de la monnaie, toutes occupées qu’elles sont à procéder à l’euthanasie du rentier, si chère à monsieur Keynes. Comme je l’ai souvent expliqué, en instituant des taux réels ou nominaux négatifs elles empêchent ainsi les agents économiques de faire rentrer le temps dans leurs calculs.

Et alors me direz-vous, quelle importance ? Ma réponse est : Une différence gigantesque et voici pourquoi.

Si la monnaie ne prend plus en compte le temps puisque les taux d’intérêts sont faux et ne sont plus des prix de marché, alors la même monnaie ne peut plus être un étalon de valeur pour tous les biens et services.

Il nous faudra au moins deux monnaies à l’intérieur du système économique, une qui nous servira d’étalon de valeur et d’échange pour les biens à duration très courte, telle la baguette de pain ou le café sur le zinc, et l’autre qui nous servira à acheter des biens à duration tres longue tel un immeuble d’appartements en location.

Et c’est bien entendu dans la deuxième monnaie que les agents économiques essaieront de mettre leur épargne.

Et ce schéma de double monnaie, l’une instrument d’échange et étalon de valeur pour les biens d’usage courant, l’autre réserve et étalon de valeur pour les biens à duration très longue a existé depuis longtemps, par exemple en Amérique Latine ou en Asie où coexistaient souvent deux monnaies, l’une à usage « court », presque toujours la monnaie locale émise par le gouvernement, l’autre le dollar US, réservé aux transactions sérieuses.

Et s’il existe deux monnaies à l’intérieur du même système, comme chacun le sait, instantanément, se remet en route la première loi économique mise en lumière dans l’histoire (XVI -ème), la Loi dite de Gresham qui stipule que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Dans la réalité, tout le monde se sert pour les achats courants de la « mauvaise monnaie », essayant en fait de s’en débarrasser le plus vite possible tout en gardant soigneusement la « bonne monnaie » qui du coup disparait de la circulation. Sur le moyen terme, la bonne monnaie voit toujours son cours monter par rapport à la mauvaise. Et donc si je mesure le cours des actions que je détiens dans la « mauvaise » monnaie, j’ai l’impression que je me suis fortement enrichi, alors que si je mesure le cours des mêmes actions dans la bonne je me suis appauvri.

C’est ce que montre mon premier graphique.

Dans le fond, et aussi curieux que cela paraisse, le marché des actions US depuis 1970, a baissé si je le mesure en or (-16% depuis 1970) alors qu’officiellement il a vu ses cours en dollar multipliés par 43.4 X

MAIS, j’ai touché des dividendes pendant cinquante ans ET j’ai eu deux immenses marchés haussiers : 1980-2000et 2011 -2019, hachurés EN VERT sur le graphique.

Et la question que le lecteur vigilant va me poser est certainement : Comment savoir que je suis dans une période verte ou dans une période blanche ?… ce qui est un peu la recherche du Graal dans mon métier.

Et voici ma réponse : le lecteur doit déterminer s’il y a UNE SEULE monnaie dans le système national ou DEUX. Et quand la monnaie nationale n’est plus une réserve de valeur, alors réapparait toujours la réserve de valeur éternelle qu’est l’or. Il me faut donc à tout moment mesurer le rapport des prix entre les deux « monnaies ». Et pour se faire, le lecteur doit regarder le ratio entre la valeur des deux monnaies, monnaie nationale contre or, comme présentée dans le graphique suivant, où je montre ce ratio entre le 10 ans américain et le cours de l’Or.

« La mauvaise monnaie chasse la bonne » nous dit Gresham. Et donc le prix de la bonne monnaie doit monter par rapport au prix de la mauvaise monnaie. Le « prix » du dollar prenant en compte le temps c’est la rentabilité totale d’une obligation du gouvernement américain à 10 ans. Le prix de l’or, c’est son cours aujourd’hui.

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